Référentiel national de qualité de l'accueil du jeune enfant : Ce qu'il faut savoir

Un outil attendu, enfin publié

Le 2 juillet 2025, le gouvernement a publié le Référentiel national de qualité de l’accueil du jeune enfant, un document de plus de 100 pages qui pose un cadre commun pour tous les modes d’accueil : crèches, assistantes maternelles, MAM, gardes à domicile… Ce référentiel est le fruit d’une large concertation menée avec plus de 200 professionnels, enrichie par des retours d’expérience sur le terrain.

Ce n’est pas un texte de loi, mais un outil d’accompagnement destiné à guider les pratiques professionnelles et à renforcer la qualité d’accueil. Il s’inscrit dans le chantier plus large du Service public de la petite enfance, qui vise à rendre l’accueil plus lisible, plus équitable et plus qualitatif sur tout le territoire.

Le référentiel complet est téléchargeable gratuitement en fin d’article.

Sommaire

Qui est concerné ?

Ce référentiel s’adresse à :

  • Tous les professionnels de l’accueil du jeune enfant : assistant(e)s maternel(le)s, éducateurs et éducatrices de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, responsables de structure…

  • Les gestionnaires de crèches ou de MAM, les associations, les collectivités…

  • Les autorités publiques : CAF, services de PMI, communes…

  • Les parents, qui peuvent s’y référer pour mieux comprendre les pratiques professionnelles.

Il devient une référence commune pour dialoguer, construire, se former, et évaluer ses pratiques au fil du temps.

👉 Lire la présentation officielle sur le site solidarites.gouv.fr

Que contient-il ?

Le référentiel est structuré autour de trois grandes parties, qui balisent les dimensions essentielles d’un accueil de qualité :

🧒 Partie 1 : La relation au jeune enfant

Cette première partie s’attache à ce qui fait le cœur du métier : la qualité de la relation entre le professionnel et l’enfant accueilli. Elle met en lumière tous les leviers concrets pour offrir un accueil profondément respectueux du développement de l’enfant, fondé sur les apports récents des neurosciences, de la psychologie du développement et de l’observation fine du terrain.

Elle aborde en profondeur :

  • Les besoins fondamentaux : sécurité affective, prévisibilité, présence bienveillante, attention individualisée. Le référentiel insiste sur l’importance d’un adulte qui « porte un regard sécure » et qui est capable d’apporter contenance et stabilité.

  • La familiarisation : elle est présentée non comme une simple formalité, mais comme un processus actif d’ajustement mutuel, pensé en lien avec le parent. Cela inclut le respect du rythme de séparation, des repères familiaux, et l’instauration de rituels sécurisants.

  • Les objets transitionnels : doudous, tétines, tissus, photos… Tout ce qui permet à l’enfant de faire le lien entre la maison et le lieu d’accueil. Le professionnel est invité à reconnaître leur valeur affective et à les intégrer pleinement dans le quotidien.

  • L’observation : elle est au cœur de la posture professionnelle. Observer, c’est comprendre l’enfant, détecter les signaux faibles, ajuster l’environnement ou le rythme, repérer d’éventuelles vulnérabilités. Le référentiel propose des pistes pour une observation régulière, collective et partagée.

  • Le repérage des troubles du développement : sans entrer dans un rôle médical, le professionnel est positionné comme un acteur de première ligne pour repérer ce qui sort de l’ordinaire. Des signaux d’alerte sont listés, ainsi que les relais à mobiliser (PMI, parents, médecins…).

  • Les émotions : l’enfant a besoin de vivre ses émotions pleinement et en sécurité. Le référentiel valorise l’accueil des pleurs, des frustrations, de la joie aussi, sans minimisation ni surinterprétation. Il évoque aussi la nécessité pour le professionnel de connaître ses propres limites émotionnelles.

  • Le langage et le jeu : interactions verbales, lecture, narration, jeux symboliques, jeux libres, imitation… autant de leviers pour nourrir les liens, la pensée, la confiance. Le langage est présenté comme un outil d’humanité autant que de développement cognitif.

  • L’alimentation, le sommeil, les soins : moments-clés pour renforcer la sécurité affective et corporelle. Le référentiel insiste sur la ritualisation, le respect du rythme propre à chaque enfant, la délicatesse dans les gestes, et la co-construction avec les familles.

  • L’environnement : un espace clair, modulable, sécurisé, riche mais pas surstimulant. L’aménagement des lieux est pensé comme un outil pédagogique à part entière, qui soutient l’autonomie, le mouvement libre et l’exploration sensorielle.

  • Le cadre éducatif : il doit être structurant sans être rigide, porteur de repères cohérents. Cela inclut la mise en place de règles explicites, de rituels sécurisants et d’une posture d’adulte contenant, qui pose les limites avec constance et empathie.

  • Les écrans proscrits : conformément à la nouvelle loi publiée le 1er juillet 2025, les écrans sont désormais interdits dans tous les lieux d’accueil collectif ou individuel accueillant des enfants de moins de 3 ans. Le référentiel réaffirme que les écrans n’ont pas leur place dans ces environnements. Ils nuisent à la qualité des interactions, altèrent le développement cognitif et émotionnel des tout-petits, et réduisent leur capacité à explorer activement leur environnement. Cette interdiction vise à protéger le développement global de l’enfant en favorisant les échanges humains, le jeu libre et la présence attentive des adultes.

🔎 En résumé : cette première partie repose sur une conviction forte — c’est la qualité de la présence humaine, fine et ajustée, qui fonde un accueil réellement respectueux du jeune enfant.

Ces thématiques, bien qu’abordées dans le référentiel, font aussi l’objet d’articles complémentaires accessibles sur ce site :

👨‍👩‍👧 Partie 2 : La relation aux parents

L’accueil d’un enfant ne se pense jamais sans sa famille. Cette partie du référentiel rappelle que les parents ne sont ni de simples accompagnateurs, ni des spectateurs du quotidien de leur enfant. Ils sont des partenaires à part entière, porteurs d’une histoire, de pratiques, d’attentes, et d’émotions.

Voici les axes détaillés abordés dans ce volet :

  • La place du parent : Le référentiel rappelle que les parents ne sont pas de simples accompagnateurs, ni des personnes à écarter des décisions. Ils ont une vraie place, qu’il faut reconnaître et respecter. Leur rôle de parent est important, leurs connaissances de leur propre enfant aussi. Les professionnels sont donc invités à créer des liens avec eux, à leur parler avec respect, à chercher des échanges constructifs, sans les mettre de côté ni les considérer comme des personnes extérieures à l’accueil de leur enfant.

  • Une communication sincère, régulière et accessible : Cela passe par des échanges clairs, sans jargon professionnel, ni ton infantilisant. La transmission quotidienne, les temps d’échange formels ou informels doivent permettre au parent de comprendre ce que vit son enfant, et de pouvoir aussi exprimer ses doutes, ses inquiétudes, ses questions.

  • L’information claire sur le projet d’accueil : Le référentiel insiste sur l’importance de remettre aux familles un projet d’accueil clair, lisible et compréhensible. Il s’agit d’un document de référence auquel les familles doivent pouvoir adhérer en toute connaissance de cause, en comprenant clairement les principes, les valeurs éducatives et l’organisation proposés. Pour les assistantes maternelles, ce projet d’accueil est rédigé en amont, présenté aux parents avant la signature du contrat, et constitue un socle d’engagement mutuel dans le respect du cadre légal. Cela suppose une présentation bienveillante, un espace d’échange si besoin, et une posture ouverte aux questions ou demandes d’éclaircissements.

  • La reconnaissance de la diversité éducative : Chaque famille a sa propre vision de l’éducation, de l’alimentation, du sommeil, du jeu, etc. Le référentiel rappelle qu’il ne s’agit pas d’enseigner aux familles une « bonne » manière de faire, mais de chercher des ajustements communs, dans une logique d’ouverture, d’accueil et d’équilibre.

  • L’accompagnement des situations sensibles : Pleurs à la séparation, adaptation difficile, allaitement, troubles du développement, précarité, séparation parentale… Les professionnels sont invités à aborder ces situations avec tact, en se montrant disponibles, informés et capables de se questionner. L’écoute active, l’absence de jugement et le respect du rythme parental sont au cœur de cette posture.

    Sur le sujet spécifique de l’allaitement, le référentiel encourage les professionnels à accueillir cette pratique avec bienveillance, et à proposer des solutions concrètes pour soutenir les familles : conservation du lait maternel, respect des choix des parents, dialogue transparent autour de l’alimentation, et information claire sur les conditions de transport et d’hygiène. L’objectif est de permettre à chaque enfant allaité d’être accueilli dans la continuité de ce qu’il vit à la maison, sans jugement ni obstacle technique.

  • L’inclusion de toutes les familles : Cela signifie accueillir avec la même attention les familles monoparentales, recomposées, LGBTQIA+, issues de l’immigration ou en situation de vulnérabilité économique ou sociale. Le référentiel invite à développer une culture d’accueil inclusive, et à identifier ses propres biais pour ne pas reproduire des inégalités ou des exclusions implicites.

  • La continuité éducative : Le lien entre la maison et le lieu d’accueil est essentiel pour sécuriser l’enfant. Le référentiel propose d’appuyer cette continuité par des rituels de transmission, des objets relais (photos, carnets, messages vocaux…), et des espaces de parole co-construits. L’objectif est d’éviter les ruptures ou les contradictions entre les deux environnements de vie.

💡 Ce volet met l’accent sur une posture professionnelle fondée sur le respect mutuel, la confiance et la coopération. Il ne s’agit pas de convaincre les parents ou de se protéger d’eux, mais de construire une relation adulte-adulte, au service de l’enfant. Cela suppose parfois de se décentrer, de faire preuve de souplesse, et d’avoir conscience de ses propres représentations.

En renforçant la relation aux parents, le référentiel invite à créer un véritable triangle éducatif stable, où chacun trouve sa place dans une dynamique de confiance partagée.

👉 Pour approfondir le rôle du projet d’accueil, lire Projet d’accueil assistante maternelle : guide + modèle gratuit

🏠 Partie 3 : La qualité organisationnelle

On oublie souvent que la qualité de l’accueil repose aussi sur ce qui est en coulisses : les conditions de travail, l’organisation, l’environnement, le climat d’équipe… Cette dernière partie du référentiel rappelle que pour offrir un accueil de qualité aux enfants, il faut commencer par prendre soin des adultes qui les entourent.

Elle aborde en détail les points suivants :

  • La politique qualité : Le référentiel insiste sur la nécessité d’une vision claire du projet éducatif et de ses objectifs. Cela implique un pilotage structuré, des temps réguliers d’évaluation des pratiques (individuelles et collectives), et des outils pour faire évoluer la posture professionnelle. Pour les structures collectives, cela passe aussi par un projet pédagogique vivant, pas figé. Pour les assistantes maternelles, cela se traduit souvent dans le projet d’accueil et les ajustements du quotidien.

  • La prévention de la maltraitance : Le texte donne des repères pour identifier, signaler et prévenir les situations de mise en danger. Cela concerne autant la protection de l’enfant (violences physiques, verbales, négligences…) que celle des adultes (épuisement, isolement, tensions dans les équipes). Il rappelle que la bientraitance se construit collectivement, et que la vigilance doit être constante, même dans les gestes ordinaires.

  • Les conditions d’exercice : Horaires morcelés, amplitude, fatigue physique, isolement, reconnaissance sociale… Le référentiel met en lumière les réalités du métier, et invite à mieux prendre en compte la santé mentale, la charge émotionnelle et le besoin de soutien professionnel. Cela concerne aussi les temps de pause, les remplacements, l’accès à la formation, les équipements adaptés.

  • Le management bienveillant : Dans les structures, le rôle du management est central : il doit créer un climat de confiance, de coopération, et de reconnaissance. Cela passe par l’écoute des équipes, la valorisation des initiatives, la gestion respectueuse des conflits et l’organisation de temps de régulation. Pour les professionnelles en individuel, le référentiel souligne l’importance de se créer un réseau d’appui, de ne pas rester seule, et de maintenir un cadre clair avec les familles.

  • La qualité des espaces : L’environnement matériel est vu comme un levier éducatif à part entière. L’espace doit être pensé pour soutenir l’autonomie, la sécurité, l’exploration. Le référentiel encourage les aménagements modulables, accessibles, chaleureux, et adaptés aux besoins moteurs et sensoriels des enfants. Il invite aussi à veiller à l’ergonomie et au confort de travail des adultes.

  • Une approche écoresponsable : L’attention portée à l’écologie est renforcée : choix de matériaux durables, gestion des déchets, éveil à la nature, circuits courts pour les repas, espaces extérieurs végétalisés… Le référentiel souligne que la préservation du vivant est aussi un acte éducatif, qui fait sens dès la petite enfance.

🌿 En résumé, cette partie rappelle que pour bien accueillir les enfants, il ne suffit pas d’avoir de la bonne volonté. Il faut aussi des conditions concrètes : un cadre clair, du matériel adapté, du temps, et du soutien. La qualité de l’accueil dépend aussi de la façon dont les professionnelles sont accompagnées et respectées dans leur travail au quotidien.

Ce que ça change concrètement

✔️ Un cadre commun pour tous, du collectif à l’individuel : fini les grandes disparités de pratiques selon les structures

✔️ Un outil de réflexion, pas une norme : il ne s’impose pas, mais peut nourrir les pratiques à tout moment

✔️ Une reconnaissance du travail réel : l’enfant n’est pas une ligne dans un contrat, mais un être en devenir

✔️ Une base solide pour :

– enrichir un projet d’accueil,

-construire un entretien avec des parents,

-préparer un contrôle PMI,

-se former ou former ses collègues,faire équipe, même en individuel

Il s’agit d’un outil évolutif, qui peut s’adapter aux réalités de terrain tout en encourageant une démarche exigeante, respectueuse et bienveillante.

Pourquoi en parler maintenant ?

Parce que ce référentiel est une boussole. Il met en mots ce que beaucoup de professionnelles vivent chaque jour, parfois sans toujours avoir les mots pour le décrire. Il donne de la valeur au quotidien, structure les pratiques, et redonne du sens au métier.

Il est aussi un outil de valorisation du travail invisible : celui qui se joue dans l’ajustement d’un regard, la façon de dire bonjour, le soin mis dans une transmission du soir. Il est précieux. Et il arrive dans un moment où la profession en a cruellement besoin.

📥 Télécharger le document officiel dans son intégralité

❓ Foire Aux Questions (FAQ)

❓Est-ce que tout le référentiel doit être lu pour bien l’utiliser ?

➡️ Pas forcément. Il est possible de s’appuyer sur des synthèses pour en comprendre les grandes lignes, puis de se concentrer sur les parties les plus utiles au quotidien. La lecture peut se faire par étapes, selon les besoins et les questionnements.

❓Est-ce que ce référentiel peut m’aider en cas de désaccord avec des parents ?

➡️ Oui, il peut servir de point d’appui pour expliquer certaines pratiques professionnelles. Il peut aussi aider à poser un cadre ou à argumenter calmement sur ce qui est bon pour l’enfant.

❓Est-ce qu’il y aura des formations ou des outils pour l’exploiter ?

➡️ Oui, plusieurs supports sont en cours de diffusion : fiches pratiques, outils d’auto-évaluation, webinaires… Certaines formations continues intégreront bientôt ce référentiel dans leur programme.

❓Le référentiel est-il obligatoire ?

➡️ Non, ce n’est pas une loi ni un règlement. C’est un document de référence qui propose des repères de qualité à suivre. Il peut être utilisé volontairement pour enrichir les pratiques professionnelles.

❓Est-ce que les assistantes maternelles doivent l’appliquer ?

➡️ Il ne s’impose pas comme une obligation, mais il peut servir de base pour améliorer son projet d’accueil, se préparer à un contrôle PMI, ou réfléchir à ses pratiques.

❓ Est-ce que ça remplace le projet d’accueil ?

➡️ Non. Le projet d’accueil reste obligatoire et personnel. Mais le référentiel peut aider à mieux le rédiger, ou à l’actualiser avec des éléments plus précis sur les besoins de l’enfant.

❓Qu’est-ce que ça change concrètement dans mon quotidien ?

➡️ Il donne des repères concrets sur la manière d’accueillir les enfants, d’aménager l’espace, de travailler avec les familles ou de s’autoévaluer. Il aide à mettre des mots sur ce que tu fais déjà (ou à faire évoluer certaines habitudes).

❓Est-ce que les parents doivent le lire ?

➡️ Ils ne sont pas obligés, mais c’est un document public. Il peut les aider à mieux comprendre les pratiques des pros, et à construire une relation de confiance.

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