
Invisible pour beaucoup, le métier d’assistante maternelle se vit souvent dans l’ombre, à huis clos, entre rires d’enfants et longues journées passées à inventer, ranger, consoler. Derrière cette routine discrète se cache pourtant une immense énergie, faite de tendresse, de patience et d’ingéniosité.
C’est cette force invisible que Cindy, alias @__lespetitspotes sur Instagram, a choisi de mettre en lumière. Dans son sous-sol transformé en véritable cocon de 40 m², elle a créé un univers pensé pour les petits, à la fois chaleureux, esthétique et fonctionnel.
Ses partages respirent l’authenticité : un mélange de rires, de déco, de créativité et de vie d’assmat, qui résonne autant chez les parents que chez les professionnelles.
Dans cet entretien, elle confie son parcours, ses choix et la façon singulière dont elle vit ce métier qu’elle a profondément investi.
Je m’appelle Cindy, j’ai 32 ans et 2 enfants (Léo de 2020 et Jeanne de 2024) et je suis assistante maternelle. J’accueille les enfants dans une pièce dédiée que j’ai aménagée au sous-sol de ma maison. J’aime beaucoup créer des activités, aménager l’espace et partager tout ça sur Instagram avec ma communauté.
Je me suis lancée après avoir eu mon fils, Léo, il avait 9 mois à l’époque. En fait, j’ai toujours su que j’étais faite pour m’occuper d’enfants.
Ma maman était assistante maternelle, c’est quelque chose qui m’a beaucoup plu d’être en contact avec les enfants qu’elle gardait (contrairement à mes sœurs, qui elles ont eu parfois du mal à supporter leur présence).
J’ai travaillé dans les centres de loisirs, les écoles maternelles, puis 3 années en crèche Montessori. J’ai toujours su qu’à l’arrivée de mon 1er enfant je ne pourrais pas le faire garder pour aller m’occuper des enfants des autres, c’est donc tout naturellement que j’ai passé mon agrément d’assistante maternelle.
Créatif – bienveillant – fun
Au départ, j’accueillais les enfants dans ma maison. Mon conjoint travaillant en horaires décalés, nos deux univers n’étaient absolument pas compatibles.
Je passais mon temps à dire « chut » aux enfants, mais ce n’était pas acceptable pour moi de leur demander de faire les choses doucement alors que ce ne sont que des enfants qui ont besoin de s’exprimer et non de contrôler leurs faits et gestes à longueur de journée.
Mais le métier me plaisait, alors c’était clair : soit j’arrêtais, soit on m’aménageait une pièce indépendante. Mon conjoint et mon papa étant très bricoleurs, nous avons opté pour la deuxième option.
C’est une pièce d’environ 40 m² au sous-sol, aménagée comme un petit appart à taille d’enfant.
Tous les meubles sont bas, les couleurs douces, il y a plusieurs espaces distincts : le SAS d’accueil, le coin dodo, l’espace bureau pour les activités sur plateau, le coin motricité avec un module, une piscine à balles, un canapé bas, une cabane avec une petite cuisine dedans.
J’ai aussi un coin change avec des toilettes adultes dedans et une mini cuisine pour réchauffer les repas et stocker les jouets.
Le plus compliqué aura été d’oser se lancer ! A la base le sous sol était enterré. Il fallait vraiment partir loin pour imaginer un accueil ici. Il a fallu décaisser tout le lopin de terre et casser le mur porteur de la maison pour créer une ouverture. Mais impossible n’est pas français, alors on a décidé de se lancer.
Pour moi : je peux « aller travailler » même si je reste chez moi. Pour ma famille : notre salon a retrouvé sa fonction de salon. Et pour les enfants : ils ont un espace rien que pour eux, où tout est à leur hauteur et où ils peuvent évoluer librement. Et le soir : je rentre chez moi.
Mon conjoint lui peut dormir quand il en a besoin sans entendre des enfants jouer au tigre ou chanter « c’est la mère Michelle qui a perdu son chat » à tue-tête.
Clairement oui. Tout est plus fluide, mieux organisé, et je gagne en confort chaque jour.
Actuellement le coin sommeil est ouvert sur la pièce de jeu. Il est séparé par un simple rideau. A refaire je trouverais peut-être une solution pour le fermer. Mais en même temps, je perdrais en espace de jeux, et pour l’instant le sommeil se passe plutôt bien avec cette organisation.
Au début, c’était compliqué. Mais la pièce indépendante m’aide énormément : je ferme la porte, et c’est fini. Je ne suis même pas obligée de ranger le vendredi soir si je n’ai pas envie. Ça n’embête personne.
Oui, totalement. Sans cette pièce, je n’aurais pas tenu sur la durée. Et si elle venait à disparaître, j’irais travailler en MAM ou en crèche.
Non, une fois que je suis rentrée chez moi, la journée est finie. (Ou pas, quand on garde ses propres enfants)
Au départ, c’était surtout pour partager mes activités et trouver de l’inspiration. Petit à petit, une vraie communauté s’est créée autour, et ça me plait beaucoup, je me sens vraiment moins seule !
De la motivation, des échanges, du soutien…
C’est peut-être un peu « cul-cul », mais je vous assure que je me suis fait des copines d’Instagram ! (Elles se reconnaîtront si elles lisent ça )
Et aussi des opportunités, comme des collaborations avec des marques, ce qui me permet de recevoir des produits gratuitement et de m’équiper de choses que je n’aurais jamais pu m’acheter sans ça (mon super Canaplay par exemple, gros gros coup de cœur)
Oui très souvent ! Des assmats qui me remercient pour mes idées, des parents curieux… Ça me fait toujours très plaisir.
Oui, complètement. On est souvent seules dans notre quotidien, et les réseaux créent une sorte de salle de pause virtuelle entre collègues.
J’ai deux réels en particulier qui ont fait plus d’1M de vues : Un Reel où je montre une astuce rangement avec mon super mini tabouret roulant.
Et un autre ou je descends mes escaliers encore en travaux pour me rendre dans ma pièce avec marqué « assistante maternelle, j’ai dû faire des sacrifices et accepter de travailler au sous sol » puis on découvre ma jolie pièce, il a fait un tabac ! Un autre a + d’1M ou je présente mon chariot Fuxtec, il paraît que ma voix est trop cool sur cette video
Je pense qu’il ne faut pas se comparer. Derrière chaque photo, il y a du tri, du hors champ, et une mise en scène. Ce qui compte, c’est ce que les enfants vivent au quotidien avec nous, pas ce qu’on montre. Mais je trouve quand même qu’on montre de plus en plus la réalité du métier !
Des rangements fermés pour ne pas avoir l’impression de vivre dans une salle de jeux.
Des modules de motricité, entre 0 et 3 ans, c’est clairement leur passe-temps favori (en général) et c’est un réel besoin de bouger pour un enfant.
Un coin repos cocooning accessible, parce que c’est magique de voir les enfants s’y poser d’eux-mêmes.
Ça va dépendre de beaucoup de chose. Ici on a fait beaucoup nous-mêmes (quand je dis « nous-mêmes » je fais référence à mon conjoint et mon papa qui y ont mis tout leur cœur et que je ne remercierai jamais assez). Je ne peux pas donner de chiffre comme ça, il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Mais ce que je peux dire, c’est que le jeu en vaut la chandelle ! Et au pire… la maison prend de la valeur. Si jamais un jour j’arrêtais ce travail, nous pourrions mettre cette partie de la maison à louer pour un cabinet d’ostéopathe, d’esthéticienne ou tout autre corps de métier.
C’est aussi un bel argument pour valoriser notre travail et donc se permettre d’augmenter son tarif à l’heure. Ma pièce n’est pas encore rentabilisée, mais grâce à elle je peux gagner un peu plus tous les mois !
Niveau déco j’ai beaucoup retapé de vieux meubles. Un petit coup de peinture sympa aussi, et direct ça donne du caractère à la pièce ! Je parle pas de juste peindre un pan de mur, je parle par exemple de mon mur damier ou de mon arche rayé. Ça aide vraiment à créer de la personnalité.
Et niveau matériel, rien de mieux que la seconde main, Vinted est mon ami !
Si tu es sûre de pratiquer ce métier une bonne partie de ta vie, fonce. Ça change la vie, vraiment. Même un petit espace peut faire une grande différence. C’est un vrai soulagement quand on rentre chez soi le soir.
Ne vous mettez pas la pression. Montrez ce qui vous ressemble, à votre façon. L’authenticité parle toujours plus que la perfection. Et les échanges entre assmat font vraiment du bien, on fait toute le même métier, on connaît les avantages et les galères, vous y trouverez forcément des ressources.
À travers ses mots et son énergie communicative, Cindy nous rappelle que le métier d’assistante maternelle est bien plus qu’une simple garde d’enfants : c’est un engagement du cœur, une créativité qui se renouvelle chaque jour et une organisation digne d’un chef d’orchestre.
Son témoignage montre qu’il est possible d’aménager un espace à son image, de trouver un équilibre vie pro/vie perso et même de créer des passerelles inattendues grâce aux réseaux sociaux.
Inspirante et sincère, Cindy incarne cette nouvelle génération d’assistantes maternelles qui osent être visibles, partager leurs astuces et valoriser un métier trop souvent méconnu. Un regard frais et authentique qui rappelle à quel point ces petites mains de l’enfance sont précieuses.
Cet article fait partie d’une série d’interviews dont l’objectif est de mettre en lumière les métiers liés à la petite enfance. Si vous avez aimé découvrir l’univers de Cindy, n’hésitez pas à parcourir les autres témoignages déjà publiés.
Et si vous souhaitez, vous aussi, participer à ce projet — que vous soyez assistante maternelle, puéricultrice de PMI ou membre d’un RPE — contactez-moi. Votre métier mérite d’être raconté et mis en lumière.